Quand on parle de couteau, on pense immédiatement à la lame tranchante. Mais il ne faut pas oublier pour autant le manche qui joue un rôle important au niveau de la prise en main ainsi que le design. Bien sûr, il n'existe pas un mais plutôt des matériaux, la liste serait tellement longue que nous allons nous consacrer sur les principaux, ceux que vous rencontrerez la plupart du temps.

Bien choisir le matériau du manche de son couteau

Au moment d'acheter des couteaux, nombreux sont ceux qui se focalisent sur la lame ainsi que sur l'esthétisme du manche. Il faut toutefois savoir que les matériaux ont des propriétés différentes qu'il est important de connaître pour faire son choix en connaissance de cause. Le matériau choisi a une influence sur la solidité, le poids, l'ergonomie et bien sûr le prix final du couteau. Vous l'aurez compris, on est donc bien loin d'une simple question de style !

Afin de s'y retrouver plus facilement, les matériaux peuvent être classés en différentes catégories que voici : les métaux, les plastiques, les organiques ainsi que les composites.

Les métaux

Les métaux peuvent être séparés en deux grandes parties, à savoir les métaux purs issus la plupart du temps des roches des mines ainsi que les alliages obtenus par mélange d'un métal avec un autre composant. Tout ceci dans l'optique d'en améliorer les caractéristiques, les propriétés.

Les métaux purs

• L'aluminium est l'un des matériaux les plus répandus sur terre. Il est fréquemment employé dans la fabrication des manches des couteaux du fait qu'il confère de la légèreté et ne craint pas la corrosion. Autre avantage de l'aluminium, et pas des moindres, la possibilité de le décorer facilement au moyen d'impressions de motifs, notamment en trois dimensions comme le fait si bien la marque Martinez Albainox. Attention toutefois car il existe des allergies à l'aluminium.

• Le cuivre est un des rares métaux purs à être coloré. En effet, les manches en cuivre ont la particularité d'avoir une jolie surface coloris rose saumon. C'est un matériau doté d'une bonne conductibilité électrique/thermique, de même pour la résistance à la corrosion. Le cuivre est notamment utilisé par les marques Black Fox ou encore Higonokami, marque à l'origine du populaire couteau de poche Japonais.

• Le titane fait parti des meilleurs matériaux utilisés pour la construction de manches de couteaux. On le reconnaît par son aspect blanc métallique, dans la continuité du style de la lame. Le titane a des propriétés très intéressantes, comme la résistance à la corrosion ainsi que de très bonnes propriétés mécaniques (notamment la résistance à la déformation). Si vous êtes attirés par les manches en titane, nous vous conseillons de jeter un œil aux couteaux de la marque Kizer. Le titane est toutefois un matériau relativement cher.

• Le zinc, un métal gris qui est rarement utilisé pur dans le milieu de la coutellerie, mais qui sert énormément pour les alliages comme vous allez pouvoir le constater ci-après. Ce métal lourd a une bonne résistance à la corrosion, une excellente conductivité électrique/thermique mais a tendance à ternir.

Les alliages

• Le laiton est un matériau obtenu par alliage de zinc et de cuivre. On a peu de mal à l'identifier en raison de sa couleur, le plus souvent jaune/doré mais pouvant également être rose. Il est à la fois résistant à la corrosion ainsi que ductile, autrement dit il peut être étiré facilement sans rompre ou encore casser. Toutefois fragile, le laiton est une fois de plus utilisé par la marque Japonaise Higonokami.

• Le zamak correspond à un alliage de zinc, d'aluminium et de magnésium (environ 95% de zinc). Très employé par la marque Espagnole Martinez Albainox, le zamak séduit par sa résistance à la corrosion, aux chocs et à l'usure, mais qui en toute logique a tendance à ternir, comme pour le zinc ! Ses nombreuses possibilités de finitions font rapidement oublier ce petit inconvénient !

• L'acier inoxydable est un alliage d'acier (fer, carbone) comprenant également du chrome et du nickel, le tout dans des proportions variables. C'est le taux de chrome qui définit si un acier est inoxydable ou non, pour avoir cette appellation, ce dernier doit être supérieur à 13%. Pouvant être mat ou brillant, un manche de couteau en acier inoxydable a une résistance mécanique importante, tout comme la résistance à la corrosion. Un incontournable en coutellerie !

Les plastiques

Comme pour les métaux, les plastiques peuvent se classer en différentes catégories : les thermoplastiques, les élastomères ainsi que les thermodurcissables. Sans pour autant entrer dans les détails, sachez que les thermoplastiques sont malléables à la chaleur, les élastomères présentent eux des propriétés élastiques similaires au caoutchouc. Quand aux thermodurcissables, ils prennent leurs formes définitives dès le premier refroidissement, mais ils nous intéressent moins en matière de manches de couteaux.

Les thermoplastiques

• ABS est l'acronyme de acrylonitrile butadiène styrène, un nom barbare qui désigne un matériau plastique, plus précisément un thermoplastique comme vous l'aurez probablement deviné. C'est un matériau que l'on rencontre fréquemment car en plus d'être « bon marché », il offre des propriétés intéressantes comme une bonne résistance aux chocs ainsi qu'à l'humidité. Cerise sur le gâteau, l'ABS est recyclable, on rencontre beaucoup ce matériau ergonomique sur les couteaux de cuisine et de survie/bushcraft.

• Le zytel est certainement un mot qui ne vous dit rien, ou vaguement quelque chose, pourtant de nombreuses grandes marques l'utilise comme Ka-Bar pour n'en citer qu'une seule. Ce matériau offre de multiples avantages, comme une excellente résistance face aux chocs, la chaleur ainsi qu'une grande rigidité.

Les élastomères

• Le caoutchouc est un matériau qui devrait plaire à celles et ceux qui désirent acquérir un couteau au manche des plus ergonomiques, comprenez des plus confortables à manier. Il faut dire que le caoutchouc est souvent antidérapant, et convient donc parfaitement pour les utilisations extérieures les plus exigeantes. En plus, il assure aussi une bonne résistance et a donc toute sa place au niveau de la poignée d'un couteau !

Les organiques

Les matériaux organiques sont issus des êtres vivants qui nous entourent. Pour la petite histoire, sachez que ceux sont les premiers à avoir été utilisés par l'homme. Les matériaux organiques peuvent être divisés en deux parties, ceux d'origine animale (animaux) et ceux d'origine végétale (végétaux).

Origine animale

• Le bois de cerf est un matériau qui équipe bons nombres de couteaux de chasse. L'aspect très naturel d'un manche en bois de cervidé plaît de façon générale beaucoup aux chasseurs. Le matériau provient tout naturellement des bois des cerfs qui tombent et repoussent chaque année, sans engendrer de douleur à l'animal. En plus d'un esthétisme remarquable mais variable, un manche en bois de cerf est aussi très robuste.

• La corne est un matériau organique prisé des fabricants de couteaux comme des utilisateurs. Elle peut être issue de différents animaux tels que le bélier, le buffle ou encore la vache. Selon l'animal, la corne n'aura pas la même couleur, par exemple elle est de couleur blonde pour la vache tandis que noire pour le buffle. À noter que certains manches de couteaux sont conçus en pointe de corne provenant de la partie haute et massive de la corne.

• L'ivoire qui correspond aux défenses de l'éléphant ou encore du phacochère. On reconnaît assez facilement un manche de couteau en ivoire pour son coloris blanc crémeux. Une élégance pourtant de plus en plus rare du fait de la protection des espèces. Attention à ne pas confondre l'ivoire véritable avec l'ivoirine qui est obtenue par mélange de poudre d'ivoire avec de la résine synthétique !

• Même si on la rencontre assez rarement, la nacre est également une matière organique animale utilisée dans le milieu de la coutellerie. Elle provient des coquilles de certains mollusques et s'identifie facilement par ses magnifiques reflets irisés. Certains couteaux ont un manche « façon nacre » conçu en matériau synthétique avec des décorations qui imitent la nacre.

Origine végétale

Quand on parle de matériaux organiques d'origine végétale, on pense immédiatement au bois que l'on retrouve évidemment sur les troncs des arbres. Toutefois, parler de « manche en bois » est très vague car il faut savoir qu'il existe une multitude d'essences de bois. Selon l'essence choisie, les propriétés ne seront pas les mêmes tout comme le prix qui est très variable. On distingue deux grandes catégories de bois : les Européens issus d'Europe ainsi que les exotiques provenant de pays, régions, au climat favorable.

Les bois Européens

• Le buis est un arbre que tout le monde connaît, et que l'on trouve en abondance en Europe. C'est un bois dur et clair, au grain très fin, avec une couleur qui tire sur le jaune. Le buis est très utilisé en coutellerie, nombreuses sont les marques à opter pour ce matériau pour la fabrication des manches de leurs couteaux.

• Le bouleau est un bois assez clair énormément utilisé pour la fabrication des manches d'outils. Résistant, il a l'avantage d'avoir un grain présentant une certaine uniformité ce qui est particulièrement esthétique, décoratif.

• L'érable ou érable sycomore est un bois que les ébénistes affectionnent particulièrement pour sa blancheur et son veinage linéaire discret. On en trouve en France sous diverses variétés (sycomore, plane et champêtre) : l'érable est parfois modifié afin de changer sa couleur ou pour améliorer davantage ses propriétés.

• L'hêtre est un bois brun, assez clair, relativement dur si bien qu'il résiste aux chocs. Son grain fin et régulier le rend particulièrement agréable à regarder. Le bois hêtre est par exemple très employé par la célèbre marque Française Opinel.

• Le noyer est un bois mi-dur, de couleur brun foncé, au grain moyen. Plus sensible aux variations de température ainsi qu'à l'humidité, il peut parfois présenter des nœuds lui conférant ainsi énormément de charme. À noter que le noyer a tendance à foncer avec le temps.

• L'olivier fait incontestablement parti des bois les plus utilisés en coutellerie. Environ 20% plus dense que l'hêtre, l'olivier est un matériau très résistant comprenant des pores très serrés. C'est un bois au veinage assez riche et à la couleur irrégulière que l'on rencontre fréquemment sur les manches des couteaux de poche ou des couteaux de cuisine en raison de ses propriétés antibactériennes.

• Le chêne est un bois brun/jaune présent en France ainsi que dans d'autres pays Européens. Le grain du chêne est plus gros, c'est un bois de type mi-dur, à la fois durable et stable. Assez facile à travailler, le chêne est prisé des couteliers, notamment Opinel, qui n'hésitent pas à ajouter des gravures de motifs en guise de valeur ajoutée.

Les bois exotiques

• L'ébène est un bois africain qui se distingue assez facilement des autres par sa couleur noire. Très lourd, il est très robuste, l'ébène est un bois somptueux qui coûte assez cher, il est principalement utilisé pour les couteaux de collection, haut de gamme.

• Le bois de rose a une teinte qui peut sensiblement varier : du brun doré assez clair au marron foncé très sombre. Pour la petite histoire, sachez qu'il doit son nom du fait que c'est un bois particulièrement parfumé ! Le bois de rose est à la fois élégant, robuste et durable, d'où sa forte utilisation en coutellerie. À ne pas confondre avec le rosewood appartenant à la famille des palissandres que nous allons vous présenter ci-après.

• Le palissandre est un bois très dur à l'origine d'une grande résistance, y compris à l'humidité ainsi qu'aux nuisibles. C'est un bois assez onéreux dont les nuances peuvent prendre différentes couleurs : il est notamment issu de l'Amérique ou de Madagascar. À noter que même s'il est très solide, le palissandre est assez simple à travailler, à sculpter.

• Le cocobolo est une essence de bois que l'on identifie pour sa belle couleur rougeâtre. Il est notamment issu des arbres d'Amérique centrale. Si le cocobolo est apprécié pour son esthétisme, il en va de même pour sa solidité : c'est un bois très dur offrant une excellente résistance face aux chocs ou encore l'eau. Sa facilité de travail fait qu'il est prisé des fabricants de couteaux.

• Le padouk est un bois originaire d'Afrique centrale, c'est d'ailleurs la référence en la matière du continent africain. Ce bois exotique est de couleur rouge, il a tendance à se griser avec le temps. Facile à entretenir et très dur, le padouk peut toutefois conserver son éclat d'origine en appliquant un saturateur une à deux fois par an.

• Le ziricote provient essentiellement des arbres d'Amérique centrale et du sud (notamment au Mexique). Ce bois précieux a une teinte qui varie du brun moyen au brun sombre. Le ziricote est une essence de bois qui ne ressemble à aucune autre en raison de ses dessins très irréguliers. Toutefois, rares sont encore les couteaux à avoir des manches en ziricote !

• Le bois de bocote provient lui aussi de l'Amérique du Sud et du Mexique. On le reconnaît à sa couleur jaunâtre et ses multiples stries coloris bruns, noirs. Ce bois précieux est notamment utilisé par la coutellerie Italienne Maserin, bien que lui aussi assez rarement employé.

• Le bois de violette (autrefois bois violet) est un bois précieux originaire du Brésil (Amérique du Sud). Sa couleur varie de brun à violet et même jaune dans certains cas, c'est un bois dur. Le coutelier Français Roger Orfèvre a notamment eu recours au bois de violette pour la fabrication des manches de certains couteaux K2.

Bon à savoir sur le bois

Le bois étant un matériau vivant, sa couleur peut varier dans le temps, on parle alors de patine. Avec un entretien régulier, il est toutefois possible de retarder et même d'empêcher ce vieillissement. Par entretien, il faut entendre utilisation d'huile ou de vernis, mais aussi une attention rigoureuse au quotidien, en évitant de passer le bois sous l'eau de façon prolongée.

Il faut également garder à l'esprit que chaque bois est unique en fonction de son veinage, de ses défauts (loupe, ronce, broussin). C'est ainsi que lorsque vous achetez un couteau, même si l'essence de bois utilisée est la même, le manche ne sera pas parfaitement semblable à celui de votre voisin(e) !

Un bois stabilisé, c'est quoi ?

Les fabricants et couteliers ont rapidement compris que nombreux sont les propriétaires de couteaux à ne pas avoir l'envie, la motivation d'entretenir leurs manches en bois. Ils ont eu alors l'idée d'injecter de la résine à l'intérieur, on parle alors de bois stabilisé. L'intérêt est d'une part d'augmenter la solidité générale, d'autre part de faire face aux tâches qui peuvent rapidement faire leurs apparitions en cas de manque d'entretien. À noter que tous les bois peuvent être stabilisés, aussi bien les européens que les exotiques !

Les composites

Pour faire simple, un composite est un assemblage de plusieurs matériaux. Souvent constitué d'une ossature ainsi qu'une protection, le matériau composite est très utilisé lors de la fabrication des manches des couteaux.

• Le G10 est composé de fibre de verre et de résine, il allie qualités techniques et esthétiques d'où sa forte utilisation en coutellerie. C'est un matériau léger, durable et robuste, qui n'est pas sensible à la rouille et à l'oxydation. On comprend dorénavant beaucoup mieux les raisons de son succès !

• Le micarta est la résultante d'un mélange de résine à du tissu, de la toile ou encore du papier. C'est un matériau que l'on rencontre très souvent en raison de ses nombreux avantages : résistance aux chocs, à l'humidité, durabilité sans oublier son prix !

• La fibre de carbone est un matériau élaboré à partir de fibres très fines ainsi que des atomes de carbone. Régulièrement employée en tant que renfort (ossature) pour les matériaux composites, la fibre de carbone assure légèreté et résistance. Selon les cas, elle peut avoir un aspect tissé.

• En parcourant les différents couteaux de la boutique, peut-être avez-vous déjà rencontré les inscriptions FRN/GFN sans vraiment savoir de quoi il s'agit. FRN signifie « Fiberglass Reinforced Nylon » contre « Glass Filled Nylon » pour le GFN. Si vous ne parlez pas la langue de shakespeare, sachez que le FRN est du nylon renforcé de fibre de verre tandis que le GFN est du nylon rempli de verre. Ceux sont des matériaux plastiques hautement résistants, moulés par injection, permettant ainsi aux fabricants de couteaux de les texturer pour le style et l'ergonomie. Aux possibilités infinies, ces matériaux sont en plus bon marché. De nombreuses marques Américaines comme Spyderco ont recours aux FRN/GFN.

Maintenant que vos connaissances en matériaux sont plus poussées, vous avez toutes les cartes en main pour faire le bon choix. Comme c'est souvent le cas, le choix dépend de plusieurs critères comme l'usage, le budget mais aussi vos goûts. De façon générale, pour un usage extérieur intensif, le plus simple est d'opter pour un manche résistant nécessitant peu d'entretien, notamment les composites. Pour un usage plus ponctuel ou pour la collection, le bois est adapté, mais il faut faire attention à l'essence choisie car elle peut fortement faire varier les prix. Des conseils qui sont toutefois à prendre avec des pincettes car ils ne prennent pas en considération vos goûts qui sont un facteur important. N'oubliez pas que l'esthétisme est une chose, mais qu'il faut également prêter attention à la forme du manche de votre couteau pour que ce dernier épouse bien celle de votre main, de sorte à ce que les utilisations soient toujours très confortables.

Connaître les principaux matériaux utilisés pour les manches, c'est bien, mais pour devenir un expert ou une experte, nous vous recommandons de lire attentivement notre guide sur les aciers des couteaux.